
TPE

La Langue des signes française (LSF)
La langue des signes est une langue dite gestuelle. Elle permet aux personnes Sourdes, Malentendantes, Sourdes-Muettes ou Muettes de discuter entre elles ou avec les autres. Elle est un moyen de communication aussi précise qu'à l'oral.
La langue des signes est-elle universelle ?
La langue des signes n'est pas universelle : c'est une idée reçue, très largement répandue mais fausse. Cependant il existe bien un système international de communication composé d'un regroupement des plusieurs langues, parfois appelé langue des signes internationale. Mais il vaudrait mieux parler de "signes Internationaux" ou "International Signs" (IS).
Une langue à vocation universelle, le Gestuno, a été inventée mais cette création artificielle n'a pas fonctionné, elle est abandonnée aujourd'hui, à la différence des signes internationaux, développés, eux, pour les besoins de rencontres entre Sourds de différents pays. Les signes internationaux ne forment pas une langue à proprement parler : le lexique n'est pas figé et se compose de peu de signes lexicalisés (environ 1500), à dominante américaine (ASL) ou européenne. C'est la raison pour laquelle le débat actuel interroge le terme de "langue des signes internationale".
De ce fait, de nombreux pays s'approprient leur propre langue des signes : par exemple, on retrouve la langue des signes algérienne, autrichienne, allemande, tchèque...
Sera étudiée ici la langue des signes française (LSF)
Quelques définitions à prendre en compte
On appelle signaire le vocabulaire de la langue des signes.
Lorsqu'un signe est réalisé avec une visée illustrative, on parle alors d'inconcité. Pour cela, on reproduit visuellement une partie de ce qui se montre à nous : on dit en montrant. C'est la communication visuelle gestuelle de la LSF.
"On parle de langue des signes et non langage. La LSF est bien une langue, avec une grammaire, une conjugaison et une syntaxe qui lui sont propres. Les Sourds considèrent le terme "langage" péjoratif. " dit Emilie Levraut, documentaliste et Malentendante
Comme toute langue, la LSF s'apprend auprès de professionnels, notamment auprès d'enseignants, ou au contact régulier de Sourds.
Un peu d'histoire...
La langues des signes française (LSF) n'est officiellement reconnue que depuis 2005, mais son usage est beaucoup plus ancien. Elle est pourtant apparue bien avant les langues orales à l'époque où l’appareil phonatoire de l'Homme n'était pas développée. Alors pourquoi cette langue « mère » que nous pratiquons instinctivement ne trouve sa légitimité que dans si peu de pays et si tardivement ? Et pourquoi fait-elle l'objet d'interdictions et de débats ? Une histoire de la langue mouvementée.
Dans l'Antiquité, intelligence ne rimait pas avec parole. Aristote pensait qu'une personne qui ne parlait pas ne pouvait penser. Les Sourds étaient isolées et négligés.
Au 16e siècle, les enfants Sourds issus de la noblesse ont pu être instruit par des précepteurs. Certains apprirent les codes gestuels existants, d'autres la parole.
Au 18e siècle, en 1760, l'abbé de l’Épée s'appuie sur la langue des signes pour instruire les enfants Sourds et la développe en y ajoutant des notions grammaticales françaises comme la conjugaison. Il regroupe ces enfants en ouvrant une école spécialisée qui deviendra l’Institut national des jeunes sourds (Institut Saint Jacques, Paris). L’abbé de l’Epée est aujourd’hui une figure historique et est connue des Sourds dans le monde entier.
En 1880, le congré de Milan issus d'oralistes décrète que « la méthode orale pure doit être préférée » pour trois raisons : la LSF n'est pas une vraie langue, elle n'est pas parlée de Dieu et les signes empêchent les Sourds de bien respirer ce qui favorise la tuberculose. Cette « préférence » a eu des conséquences dramatiques pour les Sourds : la langue s'est appauvrie mais n'a pas disparue pour autant : les Sourds veillaient sur ce trésor culturel et se le transmettaient en cachette.
Il a fallu attendre les années 1970-1980 pour que les Sourds brisent les chaînes qui entravaient leurs poignets. C'est début de la médiatisation de la LSF où les Sourds sont découverts par le grand public. Un important mouvement culturel a alors émergé grâce à la création d'oeuvres théâtrales jouées pare des comédiens Sourds, découvrant par ce biais l'énorme potentiel de leur langue. Les acteurs Sourds, les films, le théâtre et l’engagement de plusieurs associations permettent alors la reconnaissance des droits des Sourds. La LSF est devenue visible et les Sourds on pris conscience de l'importance de reprendre leur destin en main. En 1988, des classes bilingues sont mises en place.
La langue des signes s'est peu a peu diffusé dans la société et les mentalités évoluent. La loi établie le 11 Février 2005 reconnaît la LSF comme langue à part entière et, en 2008, la LSF devient une option au BAC comme tout autre langue. Des entendants toujours plus nombreux apprennent désormais cette langue qui n'est enseignée à l'école que depuis la fin du XXe siècle. Malgré cette évolution, seule une minorité d'enfants Sourds peut suivre, dans de rares villes en France une scolarité en LSF.






la dactylologie : un alphabet gestuel
La dactylologie est un alphabet gestuel qui correspond aux lettres de la langues des signes. Comme toute langue, elle est à connaître, bien qu'il n'est jamais utilisé. En effet, on épelle un mot qu’exceptionnellement en Français : la démarche est la même pour la LSF. On épelle que si le mot n’a pas de signe (c’est le cas d'un nom propre peu utilisé). Les débutants peuvent épeler un mot en LSF qu’ils ne connaissent où qu’ils n’arrivent pas à mimer.

Une grammaire spécifique
La grammaire de la langue des signes utilise le domaine visuo-spatial.
Les signes
On appelle "signe standard" un signe qui est toujours réalisé de la même manière. On utilise aussi l'expression de "signe lexicalisé".
✺ Les noms propres
Les noms propres ont-ils un signe ?
Sil l'on ne connaît pas ou très peu une personne, on va épeler son nom/prénom.
Chaque Sourd possède un signe pour son prénom qui correspond à sa personnalité ou à un de ses caractère physique et/ou moral. Si ces personnes se connaissent, il vont donc signer le prénom qui lui ait été destiné.
Tous les noms propres "célèbres" ou connus (noms d'homme politique, de chanteur, nom de ville, etc ...) ont leur propre signe.
✺ Les différents types de signe
On peut distinguer 3 types de signe :
- Les signes iconiques qui, souvent dérivés du mime, évoquent le plus souvent un objet ou une action concrète.
- Les signes reliés au français écrit qui reprennent la première lettre d'un mot et qui lui attribuent son signe pour le reste.
- Les signes symboliques/arbitraires qui, opposés aux signes iconiques, sont souvent utilisés pour des mots abstraits (bientôt, intéressant, facile...)
D'autres types de signes existent comme les classificateurs (représentant les COD), les signes du temps et les noms-signes (évoqués auparavant).
✺ Les signes évidents
Certains signes sont tellement évidents que les entendants les font instinctivement, comme :
- "Maison"
- "boire"
- "téléphone"
✺ Le signe : un ensemble complexe
La formation d'un signe n'est pas aussi simple que l'on ne le pense. Lorsque l'on signe, plusieurs critères sont à respecter dont : la configuration (la position des doigts), l'emplacement, l'orientation, la vitesse, la répétition, la posture du corps, le rythme entre les signes, le mouvement de la tête, des épaules et du buste, et la mimique (l'expression faciale avec les regard, les mouvements de sourcils et de la bouche). L'expression du visage est en effet fondamentale.
De plus, une formation théâtrale, ou un goût pour le théâtre ou le mime, est un avantage pour apprendre la LSF.




Formes et modes verbaux
✺ La négation dans un verbe
La négation se fait par l'ajout de "ne pas" au verbe. Pourtant, certains verbes possèdent un signe spécifique pour exprimer leur négation. Mais cette liste de verbes à négation spécifique peut fluctuer, les plus courants étant : aimer, avoir, avoir besoin,connaitre, croire, pouvoir, savoir, vouloir...
Le principe est semblable aux verbes irréguliers en anglais.
✺ Les verbes à sens multiples
Un signe définissant un verbe intègre plus de sens que ce verbe lui même. Par exemple, un seul signe signifiera "il me téléphone" ou "nous lui téléphonons" ou "tu leur téléphones" etc ... à partir du verbe "téléphoner". Et il est rare d'en obtenir qu'un sens.
Ils existent ainsi des moyens pour les différencier. Par exemple, pour le verbe "marcher", la vitesse du signe plus ou moins rapide définira si la marche est rapide ou lente.
Aucun signeur ne signera "je marche rapide", sinon on parle de français signé et non de LSF.
✺ L'impératif
En Français, l'impératif est conjugué à 3 personnes. En LSF, tout est dans la mimique. L'impératif est exprimé par des jeux de regards insistants et par un mouvement ferme de la tête. Ces expressions peuvent ainsi signifier le caractère et le sentiment qui veut en sortir (colère, ordre, demande...)
En résumé :
- Configuration neutre (infinitif)
- Mimique adéquate
- Nuance voulue
- la direction envers la (les) récepteur(s)
définiront en un seul geste l'impératif.
✺ Le conditionnel
Les signes "si", "au cas où", "dans l'éventualité de" ... existent mais sont utilisés uniquement pour marquer une insistance sur la condition. Ils sont utilisés, par exemple, pour faciliter la compréhension d'un débutant.
En général, la compréhension "demain pleuvoir aller cinéma" par exemple, suffira. Mais faut-il encore que le signeur utilise la mimique adéquate pour exprimer l'éventualité (expression de doute, sourcils relevés, tête inclinée..).
✺ La forme négative
En français, la négation se forme à partir de "ne ... pas". En LSF, on rajoute un "ne pas" à la fin de la phrase. Par exemple : chocolat + manger + ne pas signifiera "je n'aime pas le chocolat". Les mimiques vont, quant à elle, orienter le sens neutre de la phrase.
✺ La forme interrogative
En LSF, le point d'interrogation et signé pour les débutants. Mais dans le signage courant, les Sourds préfèreront une simple mimique interrogative, comme n'importe qui peut émettre (plissement des yeux et/ou coup de menton).
L'ordre des mots dans une phrase et les verbes
L'ordre des mots dans la phrase en LSF est différente de celle du français.
✺ Les temps
Il n'existe pas beaucoup de conjugaison en LSF. Il suffit au signeur de situer l’action sur la ligne du temps perpendiculaire à lui, c'est à dire : derrière son épaule pour le passé, au niveau de son corps pour le présent, et devant lui pour le futur.
Les temps peuvent être aussi exprimés par des signes spéciaux signés après le verbe ou par la présence d'un complément de temps en début de phrase (autrefois, aujourd'hui, demain, dans un mois, bientôt...). Le verbe sera à mettre au présent.
✺ Le lieu
La LSF est une langue visuelle : il est donc important de poser le décor dés le début de la phrase. En français, le lieu est communiqué généralement à la fin : "le chat grimpe sur l'arbre". En LSF, la phrase deviendra : "sur l'arbre le chat grimpe". Le principe est le même pour le temps : "je suis allé au cinéma hier" deviendra "hier + cinéma+ aller".
✺ Les verbes directionnels
Les verbes directionnels sont ceux qui vont de l'émetteur au récepteur (téléphoner, dire inviter, accueillir, rejoindre, donner...). Le signe devra "aller" de l'émetteur au récepteur.
Exemple avec le verbe téléphoner :
- signe neutre : un objet
- geste partant de l'oreille de l'émetteur et allant vers l'interlocuteur : "je te téléphone"
- même geste partant de l'interlocuteur et se dirigeant vers l'émetteur : "tu me téléphones"
Les pronoms
Ils existent différents types de pronoms en français comme en LSF : possessifs, personnels, interrogatifs, démonstratifs, indéfinis...
✺ Les pronoms personnels
- "Je", "me", "moi" : le signeur pointe son index sur sa poitrine.
- "Tu", "te", "toi" : le signeur pointe son index devant soi.
- "Il", "lui", "elle" : le signeur pointe son index sur le côté
- "Nous", "on" : le signeur fait sur soi une rotation avec l'index.
- "Vous" : le signeur fait une rotation devant soi avec l'index.
- "Ils", "elles", "eux" : le signeur fait une rotation sur le côté avec l'index.
✺ Les pronoms possessifs
En LSF, les pronoms possessifs ne se mettent jamais au pluriel et se placent après le nom (exemple : "Mon livre" : "Livre" et "mon"). L'appartenance peut être (le mien, les leurs, la nôtre...) indiquée en utilisant l'index pointé vers la poitrine du signeur, vers l'avant ou vers le côté. Ils sont appelés les "possessifs standards".
Le possessif 'affectif' se fait avec 5 doigts sur la poitrine et n'est utilisé qu'à la 1ère personne (exemple : "Ma maman" : "maman" et "ma".
✺ Les pronoms relatifs et
interrogatifs
Pour les pronoms relatifs "duquel", "laquelle"..., aucun signe n'y est associé. C'est la mimique faciale qui montrera si la phrase est une question.
Quant aux pronoms relatifs "qui", "que", "quoi", "dont", "où", ils n'existent pas. (exemple : "L'homme qui est bien dans sa tête est heureux" : "personne" + "tête" + "bien" + ", lui" + "heureux.")
Pour ce qui est des pronoms interrogatifs, il apparaissent certes, mais dans un ordre différent. (exemple : "A quoi penses-tu ? : "penser" + "quoi" + "toi ? ").
✺ Les pronoms démonstratifs
Les pronoms démonstratifs (ce, ceci, cela, celui-ci, celui-là, celle-là, ceux-là) n'existent pas. Le signeur pointe ce qu'il veut montrer).
✺ Les pronoms indéfinis
celui-là En LSF, c'est la mimique faciale qui jouera le rôle de pronoms indéfinis.
Le pluriel
Les déterminants "les" ou "des" n'existent pas en LSF. Les Sours préfèrent préciser un pluriel dans son contexte. L'écrivain Bill Moody distingue 7 façon d'exprimer le pluriel :
- Signer un chiffre précis (exemple : "trois" et "chaise" )
- Signer une quantité indéfinie (exemple : "beaucoup" et "chaise")
- Ajouter un pronom pluriel dans la phrase (ils, eux) (exemple : "étudiant" + "ils" + "peut" + "apprendre" + "LSF").
- Montrer du doigts plusieurs fois : "toi" + "toi" + "toi" + "toi" ( la mimique et le rythme entre les "toi" sont à inclure).
- Répéter le signe : exemple : "personne" + "personne" + "personne" + "personne" = des personnes (un léger décalage latérale entre chaque signe est à inclure).
- Ajouter un classificateur pluriel ("les") ou plusieurs classificateurs singuliers ( "le" ou "l' ")





Le Saviez-Vous ?
Droitier ou Gaucher ?
Pour les droitiers, la main active est la main droite et la main passive est la main gauche et inversement pour les gauchers.
(cf. Vidéos Emilie Levraut à voir chronologiquement de la vidéo "Droitier / Gaucher 1" à la vidéo "Droitier / Gaucher 3"
Ma chaîne
Droitier / Gaucher 3


Droitier / Gaucher 3

Droitier / Gaucher 2
